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Photo du rédacteurEwa Staub

Je bouge, j’ai 6 ans donc je suis…

Dernière mise à jour : 7 sept. 2020

Article écrit par Paul Landon, le concepteur de l'IMP. Inutile d'essayer de l'écrire mieux, ou au moins aussi bien, que lui :-)


Mon frère a (malheureusement) vu l’affiche ci-dessous dans la classe de son fils de 6 ans qui est au CP :

Vingt-cinq années d’enseignement de l’Éducation Kinesthésique (Brain Gym) et du travail sur les réflexes archaïques (aboutissant à la création de l’IMP en 2011) pour voir ça… Je vois que j’ai encore du pain sur la planche !

Notre société marche sur la tête (écologie, manque de repères, guerres, médias, économie, politique…), pas étonnant, les humains ne savent même pas ce qu’ils sont ni comment ils fonctionnent. Je rencontre toutes les semaines dans mes formations des professionnels de tous bords (pédagogues, thérapeutes, médecins…) qui me disent (m’avouent) à quel point ils ignoraient tout de notre propre fonctionnement physique, émotionnel et cognitif.

Récemment un pédiatre en fin de carrière avait les larmes aux yeux de se rendre compte que pendant des décennies de pratique il n’avait pas su comment fonctionnait bébés et enfants. Il ne connaissait pas l’alphabet du mouvement que sont les réflexes archaïques et les mouvements primordiaux, et encore moins comment aider ces enfants (les monstres dessinés ci-dessus).


Analysons ensemble cette infamante affiche :


Le monstre sur la chaise


Tout d’abord l’enfant est assimilé à un monstre. Les concepteurs (ignorant visiblement tout des enfants dont ils sont sensés s’occuper) de cette production considèrent donc que les enfants sont des monstres, ils les gênent. Ils voudraient bien pouvoir donner cours à des créatures désincarnées, des esprits absorbants (L’esprit absorbant de l’enfant est le titre d’un des livres de Maria Montessori, fondatrice d’une approche pédagogique que je recommande fortement et qui prend en compte justement l’enfant dans sa globalité corps-esprit. La pédagogie Montessori est à l’opposé d’une approche où le corps de l’enfant est considéré comme gênant dans l’apprentissage). Tout comme ils demandent aux enfants de laisser aux porte-manteaux à l’extérieur de la classe leur manteau et leur sac de sport, ils aimeraient faire en sorte que les enfants y laissent leur corps, juste sous la petite étiquette avec leur prénom.


Cet enfant-monstre est représenté sur une chaise, l’ennemi N°1 de nos corps meurtris et de nos dos tordus qui remplissent les cabinets des kinésithérapeutes, des ostéopathes et des orthopédistes. Ah, la chaise dont on ne se sort jamais :

--> transat du bébé --> coque-siège-auto --> chaise-haute --> chaise de l’école --> (et de pire en pire) --> fauteuil de bureau informatique --> canapés mous télévisuels… Chaises pour manger, chaises pour se déplacer (voitures), chaises pour travailler, chaises pour faire ses besoins (WC)… Les humains n’ont visiblement plus de bipèdes que le nom, ils sont retournés à un état de quadrupédie immobile. Si nous avions su, nous serions restés dans les arbres (les singes ont l’air de plus s’amuser) ou choisi l’état de chat qui semble plus apprécier son corps que nous pauvres humains collés à nos chaises-écrans.


L’humain passant sa vie sur une chaise, il va donc falloir le forcer à s’y faire le plus tôt possible. Il va falloir lutter contre ces bébés qui refusent de rester tranquilles sur leurs chaises-hautes pour que l’on puisse les gaver de petits pots et de bouillies, puis se battre contre l’enfant de maternelle ou de primaire qui doit rester « con-centré » (ce qui est mieux que l’inverse) sur l’adulte qui sait et qui va lui apprendre la vie de futur quadrupède-handicapé-sur-sa-chaise-même-pas-roulante. L’enfant qui ne veut pas rester tranquille sur sa chaise est donc un monstre, ce monstre est apparenté ici à un reptile entre le lézard et le crocodile, il est par nature méchant et sans néocortex (sans cognition donc). Il va falloir lui apprendre les bonnes manières de l’humain évolué, celui qui reste passivement assis pour apprendre et qui se refuse à explorer, découvrir et apprendre par lui-même. Cet humain sans corps et sans sensations que l’on va continuer à gaver, il a juste changé de chaise et de menu. Ce processus merveilleux d’humanisation peut enfin prendre place (assise) !


Mes oreilles écoutent


Voyons quelques éléments du système auditif et comment justement aider les enfants à mieux écouter.

Tout d’abord les oreilles ne sont pas sur le sommet de la tête comme chez les quadrupèdes (et le monstre représenté), mais sur les côtés de la tête. Cette disposition des oreilles est une des composantes de notre bipédie. Du fait que nos yeux sont à l’avant de notre visage, nos oreilles se sont déplacées sur les côtés de notre crâne pour pouvoir VOIR et ÉCOUTER simultanément. Le prix à payer est que contrairement à votre chat, chien ou cheval, vos oreilles ne sont pas orientables. Pour écouter en direction du son nous devons tourner la tête dans cette direction. Nous n’avons plus de muscles pour orienter nos oreilles indépendamment de notre tête. Ce sont donc les muscles du cou (sterno-cléido-mastoidien, trapèze supérieur…) qui nous permettent alors de tourner la tête pour écouter. Nous é-cou-tons grâce aux muscles du cou.

Le bébé va apprendre, à l’aide du réflexe tonique asymétrique du cou (RTAC), à orienter sa tête (oreilles et yeux) vers ce qu’il regarde et écoute. Ce réflexe est présent déjà chez le fœtus, car il va jouer un rôle lors de la naissance puis reste actif pendant environ 6 mois après celle-ci.

Voici quelques éléments qui vont permettre un bon développement de ce réflexe et donc plus tard de la lecture et de l’écriture et plus globalement de la latéralité :

  • Un allaitement exclusif au sein pendant les 6 premiers mois (recommandation officielle de l’OMS – Organisation Mondiale de la Santé).

  • Être porté en écharpe de portage.

  • Être posé au sol pour favoriser le retournement dos-ventre-dos (bannissement des transats, youpalas, trotteurs et autres engins de torture, sauf si vous prévoyez un abonnement de longue durée chez l’orthophoniste entre 6 et 10 ans).

  • Jouer en trois dimensions (absence d’écrans, tablettes, ordinateurs, jeux vidéo…), manipuler et développer ses sens.

Moyens pour aider un enfant n’ayant pas développé une bonne musculature du cou et qui rencontre donc une gêne pour écouter et se concentrer sur ce qui est dit:

  • Bouger, jouer, grimper, danser, nager, sauter (sur un trampoline sinon vos lits en souffriront).

  • Mouvement de Brain Gym appelé la chouette.

  • Programme de remodelage du RTAC

  • Masser ses oreilles.

Mes yeux regardent


La vision dépend elle aussi du RTAC et donc des éléments ci-dessus, mais aussi d’autres réflexes dont le réflexe de Landau qui s’active à partir de 3 mois quand le bébé est placé à terre sur le ventre. Le système visuel humain n’est pas fait pour converger à courte distance et nos yeux doivent s’adapter à la vision proche. Nos yeux sont plutôt adaptés à la vision des paysages pour chasser et cueillir ou se recueillir. Un excès de vision rapprochée (ici nous parlons d’au minimum 10 heures par jour en additionnant école et écrans) et la myopie (dite scolaire) sera le prix à payer. Nos yeux aiment ce qui bouge, ils sont conçus pour ça et c’est ce qui va leur faire du bien. Pour les aider :

  • Faire des pauses visuelles fréquentes (lever le regard du livre ou de l’écran et regarder au loin par la fenêtre).

  • Boire de l’eau suffisamment.

  • Pratiquer le mouvement de Brain Gym les 8 couchés.

  • Intégrer les réflexes RTAC et de Landau ainsi que le réflexe tonique symétrique du cou (RTSC) responsable de la vision binoculaire.

  • Marcher quotidiennement (savez-vous que les enfants qui vont à l’école à pied ont de meilleurs résultats scolaires que ceux qui y vont en voiture? Si vous habitez loin de l’école ce n’est pas une excuse, vous n’êtes pas obligés de faire TOUT le chemin en voiture, accessoirement vous ne serez pas coincés dans la rue de l’école).


Ma bouche est fermée


En d’autres mots : « Ferme-là ! ». Dommage, chronologiquement la bouche est notre premier espace cognitif (le fameux stade oral des psy). Les objets que notre main rencontre grâce au RTAC (cf. ci-dessous) sont directement apportés à la bouche pour y être explorés. Voyons comment tout ça se met en place:


Le bébé sur le dos entend ou voit quelque chose qui attire son attention. Comme expliqué ci-dessus il va donc tourner sa tête vers cette source intéressante au niveau auditif ou visuel. Ce faisant il active (malgré lui) le RTAC. Le RTAC va entraîner la main du coté où la tête est tournée. Le bras va donc se tendre du côté où la tête se tourne. Avec un peu de chance (et beaucoup d’entraînement) le bébé va toucher l’objet de son attention et le réflexe d’agrippement de la main (il en existe un pour le pied oui) va s’enclencher et, toujours malgré lui, il va agripper l’objet. Une fois l’objet en main le réflexe de traction des mains s’active pour tirer l’objet à lui (hochet, peluche, jouet) et automatiquement, grâce au réflexe palmomentonier, la bouche va s’ouvrir et l’objet y entrer afin d’être exploré par le réflexe de succion.


Nous avons donc : stimulus visuel ou auditif -> RTAC -> agrippement -> traction des bras -> palmomentonier -> succion.


Si un seul de ces réflexes est non-intégré alors, plus tard, l’enfant aura du mal à fermer sa bouche, voir il respirera par sa bouche (respirateur buccal).

La bouche fonctionne chez le nouveau-né grâce à deux réflexes opposés : le réflexe palmomentonier qui permet d’ouvrir la bouche et le réflexe de mastication qui la ferme. Ces réflexes sont souvent non-fonctionnels à cause du manque d’allaitement puis à l’excès de nourriture molle (fast food, petits pots, compotes…) qui dure tout au long de la vie et qui entraîne en grandissant un manque de tonus des muscles de la langue et de la mâchoire et donc une déformation orthodontique (ici le prix se paye en extractions dentaires sauvages et en appareillages).


La meilleure façon d’aider un enfant qui garde la bouche ouverte est de pratiquer avec lui une intégration tactile faciale, c’est-à-dire une sorte de stimulation douce du visage que peut vous montrer votre accompagnant en IMP en insistant autour de la bouche et de la mâchoire.

Le mouvement de Brain Gym approprié : les bâillements énergétiques.


Mes bras sont croisés


Les mains, chez les primates que nous sommes, sont un élément crucial pour manipuler (hé oui facile) et apprendre. En fait nous utilisons nos mains pour explorer notre environnement, avant que nos yeux et nos oreilles soient matures et pleinement efficaces, pour nous renseigner sur notre environnement. Les mains servent, chez le bébé, à amener son environnement à sa bouche le plus possible (voir ci-dessus). Pour maîtriser (même racine que le mot « mains ») ses mains et son corps plusieurs réflexes doivent se mettre correctement en place :

  • Ceux vus dans le paragraphe précédent : RTAC, agrippement, traction des bras, palmomentonier et succion.

  • Plus : la radiation du nombril, le réflexe de parachute et quelques autres.

L’activité la plus intéressante en Brain Gym pour aider à l’écriture et la manipulation (outils, souris, tablettes, téléphones et musique) est l’activation du bras.

Au niveau de l’IMP nous pratiquerons l’intégration tactile de la main : l’AMI 11 – La détente de la main.


Mes pieds ne bougent pas


Voici une liste des réflexes du pied :

  • Réflexe d’agrippement plantaire

  • Réflexe de Babinski

  • Réflexe de protection des tendons

  • Réflexe de flexion-extension croisée

  • Et pour contrôler ses jambes : RTSC

Si ces réflexes ne sont pas fonctionnels, il en découle les comportements suivants :

  • Manque de latéralisation

  • Difficultés langagières

  • Problèmes de concentration

  • Manque de coordination

  • Fatigue

  • Tendance à l’hyperactivité

Parlant non ? Je me dispense donc d’une explication.


Les pauvres posturologues, posturopodistes, ergothérapeutes ou autres ostéopathes qui voient cette affiche doivent s’arracher les cheveux de voir les pieds de l’enfant-monstre levés. C’est une catastrophe posturale. Nos pieds sont faits pour être en contact avec le sol et envoyer une multitude d’informations au cerveau, la position assise est non-naturelle mais il est impératif d’avoir au minimum les pieds en contact avec le sol. Les chaises doivent être adaptées à la taille de l’enfant (hauteur) et si nécessaire un tabouret ou une marche doit être placé sous les pieds (si la chaise est trop haute). Avoir les pieds ballants est néfaste pour la posture (sinon prévoyez l’abonnement long duré chez le kinésithérapeute).

  • L’activité la plus intéressante en Brain Gym pour le bas du corps se nomme les flexions du pied.

  • Au niveau de l’IMP nous pratiquerons l’intégration tactile du pied : l’AMI 10 – La détente du pied.

  • Nous rajouterons le massage du pied quotidien à l’aide d’une balle de tennis molle ou d’une balle de massage appropriée.

  • Marcher pieds nus le plus possible, ne pas mettre de chaussures à un enfant dans la maison et encore moins à un bébé qui ne marche même pas : chaussures interdites à la maison pour tout le monde (et c’est plus hygiénique).


En conclusion


Par ignorance, les éducateurs (parents, enseignants et même professionnels) cherchent à maîtriser le corps de l’enfant à ses dépends en lui donnant constamment des injonctions du type de celles de l’affiche qui motivent cet article. Mais ils ignorent tout des mécanismes permettant à l’enfant de contrôler son corps. Comme l’enfant est incapable de faire ce que l’enseignant lui demande, la conclusion pour l’adulte est que l’enfant à un problème ou qu’il est méchant, qu’il le fait exprès. L’enfant, lui, grandit avec un manque de confiance en lui, un manque de contrôle physique et émotionnel.

Le système nerveux de l’enfant n’est pas mature, il n’a pas les moyens de contrôler son corps comme un enseignant (qui est lui rentré dans le moule éducatif et sociétal) peut le faire (lire à ce sujet l’excellent livre du Docteur Catherine Gueguen, Pour une enfance heureuse; repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau – Pocket). Le mode de vie contemporain (chaise et écrans) ne permet plus à l’enfant de développer ses compétences motrices (courir, sauter, nager, grimper, manipuler) et donc cognitives (penser, parler, mémoriser, réfléchir, calculer). Ces compétences cognitives découlent de la bonne mise en place des compétences motrices et sensorielles (on parle bien du développement psychomoteur de l’enfant).

Si les adultes ne donnent pas à l’enfant les « outils » sensorimoteurs (sens et mouvements) adéquats, l’enfant sera incapable d’apprendre (de prendre avec lui). Avec quelques connaissances et 10 minutes de Brain Gym ou de mouvement d’IMP par jour on obtient pourtant des résultats étonnants!

Pour conclure, Paul Dennison, le créateur du Brain Gym, aime à dire : « Un enfant de 6 ans qui aime rester sans bouger toute la journée a un problème, il est fait pour nager, bouger, courir, danser, explorer… ». Retournement de situation donc…


Paul Landon, co-concepteur de l’IMP

Formateur et conférencier international (Europe), fondateur du CFPA (www.apprendre.org) et concepteur de l’Intégration Motrice Primordiale (IMP). Il a un cabinet où il reçoit principalement des enfants et des jeunes en difficulté scolaire.





Objectif Liberté propose :

Bilan individuel de réflexes intégrés et non intégrés

Conférences et formations pour les enseignants et les professionnels de l’enfance

Tous les jeudis 18h00 – 20h00 : les ateliers avec la pratique des exercices d’intégration (sous l’inscription au 076 490 27 01)

Cabinet de kinésiologie Objectif Liberté

Rue Miéville 9

2105 Travers

076 490 27 01


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