Première question : c’est quoi exactement, la dyslexie ?
La définition d’OMS (« troubles spécifiques de la lecture dont les origines restent mal connus ») ne me donne pas d’appui suffisant pour travailler avec. Je me forge donc, au fur et à mesure, une un peu plus opérationnelle : la dyslexie est le dérèglement de notre boussole intérieure qui nous sert à différencier la droite et la gauche.
Ah, ça va mieux. Ce point de départ me semble assez clair pour démarrer une réflexion.
Pourquoi il est important de savoir faire la différence gauche-droite ? Parce que les hommes qui ont créé la civilisation à laquelle nous appartenons ont codé les bases de toute la connaissance dans cet ordre-là :
---> abcdefghijklmnopqrstuvwxyz --->
---> 0123456789 --->
Essayer d’y échapper, c’est comme refuser de ranger sa chambre. On peut bien sûr y vivre et même bien s’amuser, mais trouver une paire de chaussettes propre prend un temps fou. Et à l’école, comme nous le savons si bien, le temps est minuté…
Pourquoi ces mystérieux hommes du passé ont codé les clés de la sorte ? Est-ce que pour nous enquiquiner et réserver le savoir aux élus ? Honnêtement, il ne me semble pas. A mon avis, ils l’ont fait au contraire pour rendre la clef du savoir accessible pour tous.
Mais pourquoi donc ce blocage ?
Pour comprendre pourquoi l’information reste bloquée, il est nécessaire de savoir comment ça se fait qu’elle est programmée pour passer. (D’ailleurs, c’est le piège dans lequel nous tombons souvent actuellement – nous voulons comprendre le dysfonctionnement avant le fonctionnement, et la maladie avant la santé.) Et pour ce faire, la connaissance des réflexes archaïques est un outil irremplaçable :
Il se trouve que la Nature nous a très bien équipés pour que toutes ces connections se fassent depuis notre petite enfance ; elle nous a doté de ce qu’on appelle les réflexes archaïques – c’est-à-dire les mouvements automatiques que nous exécutons depuis notre vie intra-utérine qui permettent d’installer toutes les connexions nécessaires. Parce que, il n’est jamais assez de le répéter, tout apprentissage passe par le mouvement.
Avez-vous déjà observé un bébé couché sur le dos qui tourne la tête dans une direction et en même temps son bras se déplie dans la direction de son regard ?
C’est un mouvement automatique appelé RTAC (réflexe tonique asymétrique du cou) ou la position d’escrimeur. C’est l’outil principale qui nous est donné par la nature pour nous garantir le bon développement du corps calleux et nous protéger contre tout trouble d’apprentissage. Voici une très brève explication :
Le bébé utilise ce mouvement déjà dans le ventre de la maman, s’en sert pendant le travail de naissance, mais ce qui est intéressant maintenant pour nous c’est comment il l’utilise pendant l’allaitement : quand il est mis au sein gauche, son œil (et oreille) droit est caché. L’enfant observe le monde avec son œil gauche uniquement, rajuste sa vue de près (en regardant sa main et les yeux de la maman) et de loin (en apprenant à observer ce qui se passe plus loin que sa main). Toutes ces informations prises par l’œil (et l’oreille !) gauche peuvent, à cet étape, tranquillement aller s’enregistrer dans les zones appropriées du cerveau droit. Ensuite, la maman change de sein et le même travail continue de l’autre côté.
De cette manière, le bébé a assimilé les informations environnantes sans parasitage – un peu comme dans un studio d’enregistrement de musique. Ses deux hémisphères peuvent communiquer les informations aisément.
Vient ensuite l’étape de quatre pattes – à travers le mouvement, le cerveau du bébé apprend à commander en même temps la main droite et la jambe gauche (mouvement croisé) et l’inverse, pendant que ses yeux balayent l’environnement pour lui indiquer la direction la plus intéressante pour avancer.
Tout fonctionne. Les deux hémisphères communiquent, la ligne médiane est franchie sans obstacles.
Qu’est-ce qui se passe si notre bébé n’a pas pu terminer ce travail ?
Le cerveau du bébé peut « décider » que le temps d’allaitement n’a pas été suffisant pour tout bien enregistrer sans parasitage, ou que la période de quatre pattes n’a pas assez duré pour que les mouvements croisés soient solidement intégrés. Il peut y avoir des milliers de raisons pour cela. Et c’est dans ces cas-là que la communication entre les deux hémisphères commence à peiner. Et arrive le risque de la dyslexie et toutes ses conséquences scolaires et sociales.
Mais finalement, comment s’en sortir ?
Le travail au niveau des réflexes archaïques permet, même chez les adolescents et les adultes, de rattraper le travail qui n’a pas pu se faire pendant la petite enfance. Encore une fois – tout apprentissage passe par le mouvement. En redonnant au corps et au cerveau la possibilité d’exercer les mouvements qui n’ont pas pu aboutir dans la période cruciale, on fait une sorte de « voyage dans le passé », ou autrement dit on « descend à la cave » pour rétablir la connexion. Ceci se passe à travers le mouvement, ce qui est essentiel, mais pas uniquement. On informe aussi le système nerveux de la nouvelle gestion des stimuli extérieurs, à travers l’intégration sensorielle et sensorimotrice.
Et ce qui est top, c'est que ça marche :-)
Comments